Marhaban mes ami(e)s مَرْحَباً أَصْدِقَائِي وَ صَدِيقَاتِي
J’espère que vous allez bien.
Nombreuses sont les personnes, notamment en Occident, qui considèrent que « arabe » et « musulman » sont des termes pareilles et interchangeables. Ainsi, ils considèrent que « « les Arabes sont musulmans et les musulmans sont arabes. ».
Cependant, cette conception est fausse. Il s’agit, en fait, d’une idée reçue car la réalité est toute autre. En effet, tous les musulmans ne sont pas arabes et tous les Arabes ne sont pas musulmans.
Cet article apporte, justement, un éclaircissement sur les deux termes « arabe » et « musulman » afin de palier à la confusion entretenus souvent à leur propos.
Ce qu’il faut savoir, d’emblée, c’est qu’être « musulman » c’est être une personne qui croit aux principes de la religion musulmane. En revanche, être « Arabe », c’est faire partie d’une ethnie particulière, à savoir le peuple de l’Arabie. Ainsi, être « Arabe » n’est pas une question de religion ou de confession, mais bel et bien une question d’ « ethnie » et parfois de langue car les personnes dont la langue maternelle ou principale est la langue arabe, se considèrent comme des Arabes. Ainsi, on peut être Arabe mais pas musulman, comme les juifs ou les chrétiens arabes d’Irak, de Syrie ou de Liban. Et on peut être musulman sans être Arabe, comme les berbères d’Afrique du nord, ou les indonésiens, les pakistanais ou les afghans.
D’ailleurs, bien que l’écrasante majorité des turcs, des iraniens, des indonésiens, des afghans ou des pakistanais (la liste des peuples est encore longue…etc.) sont musulmans, ces peuples sont des peuples non-arabes et même non-arabophones c’est qu’ils maîtrisent peu ou pas la langue arabe.
Les causes qui contribuent à la confusion entre «arabe» et «musulman»
Mais comment expliquer cette confusion souvent entretenue entre « Arabe et « Musulman » ou l’amalgame entretenue entre l’ « ethnie » et la « religion » ?
On peut recenser plusieurs facteurs ou raisons qui expliquent cette confusion entre les deux termes. On peut les résumer dans ce qui suit:
Raison liée à certaines luttes ethniques
Il faut savoir, que sur le plan historique, des conflits d’ordre politique ont émergé au sein des musulmans d’origine arabe et non arabe. En effet, les musulmans d’origine arabe ont un certain privilège pour accéder au pouvoir politique, que les musulmans non-arabe n’en ont pas. Cette question n’a rien de religieux car l’islam instaurait une égalité entre tous, en dépit de l’origine ethnique des personnes, mais elle relève plus de considérations claniques (de clans, c’est-à-dire qui ont un rapport avec l’origine tribal des personnes)
Raison symbolique liée à la géographique
Les lieux saints de l’Islam se trouvent dans des pays arabes, comme la Mecque (là où s’effectue le pèlerinage musulman اَلْحَجْ [al-haj] qui se trouve en Arabie Saoudite, ou la mosquée al-aqsâ اَلْمَسْجِدْ اَلْأَقْصَى [al-masjid al-aqsâ] qui se trouve en Palestine. Ainsi, l’Arabie se trouve au centre de la symbolique de la religion musulmane.
Le Livre Saint musulman, Le Coran, révélé en langue arabe, est un autre facteur qui contribue à entretenir la synonymie dans les esprits entre « arabe » et « musulman ».
Raison liée à la carte géographique du monde arabe
Un autre facteur peut contribuer à considérer que « arabe » et « musulman » sont, en fait, synonyme peut se dégager des cartes géographiques qui présentent le monde musulman. En effet, en regardant la carte (voir la carte ci-dessus, ci-dessous), on a l’impression que le monde arabe constitue une grande partie, si ce n’est la grande majorité du monde musulman. La superficie des pays arabes donnent, justement, cette impression que le monde arabe domine dans le monde musulman. Or, la réalité est tout autre. En effet, c’est la superficie qui prend le dessus sur la densité, car une grande partie des pays de l’Afrique du nord et du monde arabe est constituée de désert. La plus grande concentration de la population musulmane se trouve, en fait, dans des pays non-arabes.
D’ailleurs, statistiquement parlant, le monde musulman compte 1,5 milliard de personnes. Parmi ce 1,5 milliard de musulmans, on ne trouve que 300 millions de musulmans arabes, c’est-à-dire que ces derniers représentent moins d’un tiers (1/3) des musulmans du monde entier. D’ailleurs, le plus grand pays musulman, sur le plan numérique, n’est pas arabe, il s’agit de l’Indonésie qui compte … millions d’habitants. Il est suivi du Pakistan, qui n’est pas un pays arabe et dont l’écrasante majorité est de confession musulmane.
Raison liée à l’origine des prêcheurs musulmans
Un autre facteur qui explique la confusion entre « arabe » et « musulman » peut être décelé dans l’origine ethnique des imams qui prêchent dans les mosquées en Occident, notamment en Europe, qui sont pour une grande partie d’origine arabe. Ainsi, dans l’esprit des européens, ce qui est musulman est assimilé à l’Arabe.
Raison liée à des considérations historiques
Par de la proximité du monde arabe de l’Europe et des premiers contacts que les européens ont entretenus avec le monde musulman (croisades, colonisations) dont les populations sont dans leur majorité ethniquement arabe, dans les esprits des européens, celui qui est Arabe est, automatiquement, musulman. Aussi, dans l’époque contemporaine, les vagues migratoires en Europe, constituent un facteur qui entretient la confusion entre « arabe » et « musulman » car une grande majorité de migrants musulmans sont d’origine arabe.
Raison liée à l’expansion première de la religion musulmane
La confusion entre « musulman » et « arabe » naît, principalement, du fait que les Arabes de la péninsule arabique étaient les premiers peuples qui ont répandu la religion musulmane. Ce sont les omeyyades اَلْأَمَوِيُّونْ [al-omawiyyôn] qui sont une dynastie arabe, qui sont les premiers peuples qui ont menées les premières conquêtes dans l’histoire de l’Islam.
Éclaircissements nécessaires pour remédier à la confusion
Après avoir exposé les différentes raisons qui contribuent à entretenir la confusion et l’amalgame entre deux termes complètement différents, à savoir entre « arabe » et « musulman », attachons-nous à présenter quelques éclaircissements qui aideront à dissocier ces deux termes.
Signalons, de prime abord, que bien que le peuple perse (l’Iran actuelle), qui est dans son écrasante majorité de religion musulmane, soit un peuple, ethniquement non arabe. Il est vrai qu’il a adopté les lettres de l’alphabet arabe dans la transcription de sa langue, mais il a su garder et sauvegarder sa culture et sa langue. La même chose peut être dite du peuple turc, qui lui, aussi, a adopté l’alphabet arabe jusqu’à l’année 1928, date à laquelle les caractères latins ont remplacé l’écriture arabe. Les peuples perse et turc, qui sont dans leur majorité musulmans, sont non-arabes.
D’ailleurs, les peuples qui composent le monde musulman sont, en réalité, très divers. En effet, une diversité culturelle et ethnique traverse les peuples qui composent le monde musulman. Ainsi de l’Afrique noire à l’Asie centrale et du Maroc à l’Indonésie, de la Chine et de l’Europe, jusqu’au contient américain, les musulmans sont de culture et d’origine ethnique diversifiées.
L’islam a su s’adapter à la fois à la culture et à l’ethnie des peuples dont il a conquis « les cœurs », d’où justement la grandeur de cette religion qui a pu, en moins d’un demi-siècle, se répandre à travers les quatre coins de la planète.
Prenant l’exemple de l’Afrique du nord pour mieux appréhender la dissociation entre « musulman » et « arabe ». Les populations indigènes (ou autochtones) des pays du Maghreb sont appelés les « berbères ». Ils se sont mélangés avec les Arabes venus de la péninsule arabique qui ont répandu l’islam en Afrique. Ces populations berbérophones autochtones ont su garder ou sauvegarder leur langue et une reconnaissance de leur langue a été même consacrée par la Constitution de certains pays du Maghreb (comme le Maroc et l’Algérie). Ces populations berbérophones sont majoritairement de confession musulmane bien qu’elles ne sont pas arabes ethniquement parlant et qui s’expriment en berbère (entre autres en tamazight en Algérie et au Maroc). Par ailleurs, on trouve dans les pays du Maghreb (notamment au Maroc et en Tunisie), la présence de populations de confession juive qui sont arabophones. Ainsi, ces populations juives s’expriment dans la langue arabe, mais qui ne sont pas pour autant musulman.
Aussi, dans d’autres contrées vivent des populations musulmanes mais non-arabes. On trouve, par exemple, en Iran, en Syrie et en Irak, des populations kurdes, qui ne sont pas ethniquement arabes, mais qui sont dans leur grande majorité de religion musulmane. Leur culture et leur langue kurdes sont reconnues comme telles mais elles demeurent attachées à la religion musulmane.
Par ailleurs, sur le continent européen, et plus précisément, dans les Balkans, les populations musulmanes sont dans leur écrasante majorité d’origine slave (comme en Bulgarie).
Ainsi, et en guise de conclusion à cet article sur la confusion entre « arabe » et « musulman » il est nécessaire de faire la distinction entre ces deux termes qui ne sont pas des synonymes loin de là. En effet, il est impératif de dissocier ces deux termes en faisant la distinction entre ce qui relève de l’ethnicité et ce qui relève de la religion car un arabe n’est pas forcément un musulman et un musulman n’est pas forcément un Arabe.